Des épices tels cannelle et cardamome, une Bramley apple sauce, une brioche moelleuse et c'est la garantie d'un instant savoureux en cet Automne tout à fait particulier ...



Aurore était assise en bout de table, la tête lourde, posée dans ses mains. Elle fixait l’horizon, horizon plus que flou depuis quelques mois. Sur cette chaise, son corps semblait recroquevillé sur lui-même, comme fragilisé, vulnérable. Les épaules n’en n’étaient plus, rondes, recouvertes d’un énorme pull informe, elles donnaient l’impression de fondre, de disparaître, de se faire la malle comme pour dire « Désolées mais nous ne servons plus, pas de cartable, pas de besace, plus d’estime, à quoi bon ? »
L’enthousiasme légendaire d’Aurore l’avait, lui aussi, quittée. Il fallait dire que des semaines durant il s’était agité, animé par de nouvelles idées, des solutions tangibles, de prometteuses rencontres et l’espoir. Seulement voilà tout cela n’avait était qu’un parfait mirage, quand un désert s’offrait désormais au regard d’Aurore.
Aurore avait été très optimiste lors de la création de sa petite entreprise : si les employeurs n’étaient pas en mesure de la fidéliser en tant que salariée - quelle qu’en soit l’obscure raison - alors elle fidéliserait les employeurs dans la promesse d’un service parfait mais sans engagement de durée ! Une relation rêvée en sommes … C’était sans compter sur la crise sanitaire foudroyante qui s’était abattue sur le monde, et ses conséquences désastreuses sur celles et ceux qui apprenaient alors tout juste à nager sans les bouées …
Les aiguilles des horloges rythmaient désormais les journées d’Aurore qui se ressemblaient cruellement : café, sites de recherche d’emploi, lettres de motivation (sans grande motivation), clic ! Envoyer et puis le mince espoir qu’on l’appelle.
En attendant, elle continuait de pétrir, de touiller, d’assembler les saveurs, de comparer les textures, de jouer les petits chimistes dans sa cuisine. La cuisine et la pâtisserie avaient cela de réconfortant qu’elles apportaient un résultat dans l’immédiat. Aurore savait si, oui ou non, elle s’était surpassée ou si, bien au contraire, elle était sur un cuisant échec ! Ces disciplines étaient vectrices de ses émotions. Elle faisait passer une sorte de casting, sous l’objectif de son appareil photo, à chacune de ses préparations : si la lumière était flatteuse, si la présentation était correcte, si le candidat montrait un degré de savoureuse audace, alors oui il aurait le job haut la main, il pourrait prétendre à une publication.
Aurore se rêvait alors chou, éclair, layer cake, mais pas tarte non…parce que tarte ça ne passait jamais le casting, allez savoir ? D’ailleurs la poire non plus ne passait pas le casting.
Parfois, il y avait des échecs, des miettes, de désastreuses expériences. Pourtant, il était toujours possible d’en sortir quelque chose de positif : elle transformait l’essai ! Un gâteau présentait une faille ? Rien d’alarmant : il suffisait d’ajuster son costume, de le regarder sous un nouvel angle, une nouvelle lumière, de lui donner un nouveau terrain d’expression, et c’était alors que lui apparaissait des cakes pops, joyeuses petites mignardises, à consommer sans modération !
Et si les entreprises changeaient, elles aussi, leur regard sur un candidat, se dit Aurore ? Un parcours éclectique saurait être une force, la preuve d’une ouverture d’esprit, d’une forme de courage. Moins de diplômes qu’attendu ? Mais peut-être que l’expérience a enseigné la théorie, et plus encore : peut-être la théorie est-elle en mouvement, en cadence, une opportunité de transformer l’expérience et inversement ? Rien n’est figé, tout vit, permute, évolue. Et c’est justement parce que les choses sont mouvantes que l’histoire s’écrit.
Si Aurore ne pouvait pas être un parfait Saint-Honoré, elle pouvait être le résultat d’une recette différente, surprenante, inattendue et pourquoi pas une It-Pastry (car oui, la dimension internationale compte) ?! Ainsi, elle participerait au rayonnement de la pâtisserie, même en étant différente. Parce que la différence compte, qu’elle est plurielle et qu’elle s’additionne !
Ingrédients pour 15 kanelbullar
75 g de beurre mou
250 ml de lait
25 g de levure fraîche de boulanger
1/4 c à c de sel
1 c à c de cardamome
100 g de sucre en poudre
460 g de farine
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1 pot de Bramley Apple Sauce (ou de compote)
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1 jaune d'oeuf
Un peu de cannelle mélangée à du sucre fin
Quelques grains de sucre
Préparation
1. Mélangez la levure fraîche avec un peu de lait tiède, réservez.
2. Dans le bol d'un robot muni d'une feuille, versez le lait tiède restant, le beurre à température ambiante coupé en dés, la levure, la farine, le sucre, la cardamome et le sel. Lancez le pétrissage de la pâte pour 7 à 7 minutes à vitesse moyenne. Une boule se forme.
3. Prélevez la boule de pâte et disposez-la dans un saladier recouvert d'un linge propre. Laissez monter 2 heures dans un endroit tiède et sec.
4. Divisez la pâte en deux parts égales. Abaissez-la pâte sur un plan de travail fariné en un rectangle, garnissez de Bramley Apple sauce ou de compote de pomme. Roulez la pâte en un boudin uniforme dans le sens de la longueur et découpez des escargots de 2 cm de largeur. Renouvelez l'opération avec le second pâton.
5. Disposez chaque kanelbullar sur une plaque recouverte de papier sulfurisé et laissez monter 30 minutes.
6. Préchauffez le four à 200°C. Badigeonnez chaque kanelbullar de jaune d'oeuf, saupoudrez du mélange sucre et cannelle et décorez de quelques grains de sucre. Faites cuire pendant 15 minutes.