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Churros de brioche, pâte à tartiner

Emprunter une recette traditionnelle, bien ancrée dans l'imaginaire collectif - et notamment pour son association quasi instinctive à l'univers forain, à la fête - et la revisiter, avec gourmandise et douceur pour Mardi Gras...





Aurore et la brioche perdue...


Un jour d'avril, alors que le Printemps était déjà bien installé dans le sud de la France et que les rayons du soleil frappaient aux fenêtres, Aurore avait eu envie d'une recette roudoudou. Les dernières semaines avaient été éprouvantes pour elle : en plus d'avoir dû fermer le livre d'une idylle chaotique, Aurore avait été confrontée à des choix cornéliens et concernant sa carrière.


C'était un célèbre designer français qui, huit ans auparavant, l'avait embauchée, alors même qu'elle faisait ses débuts timides en tant que chef de la stratégie. Il souhaitait rafraîchir son image, lui donner un coup de jeune pour être dans le coup disait-il. A l'époque, Aurore devinait son appréhension quand à ses capacités à porter un tel projet, il semblait croire à une forme d'immaturité de sa part. C'était sans compter sur la ténacité d'Aurore. S'il fallait le convaincre lui et ses associés, elle le ferait. C'en était fini des jobs saisonniers , quand elle devait sourire et feindre la joie de vendre des plats en conserve à des hommes et des femmes moins bien conservés... Elle ne jugeait pas, non, seulement elle était dépassée par cette propension qu'avaient les jeunes et les moins jeunes, à la situation aisée - et donc parfaitement en mesure de manger sainement - à se nourrir de légumes ratatinés en boîte, ou de pâté de campagne baignant dans la graisse...

Monsieur Ferré lui avait tout appris, de la délicatesse de la plume à la force du discours, de l'importance de réinventer les classiques plutôt que céder aux effets de mode. Il disait souvent à Aurore, qu'il puisait son inspiration dans les rares instants de contemplation et de rêverie qu'ils lui étaient donné de pratiquer. Un jour, elle avait aperçu une banquette aux lignes épurées, passer devant son bureau. Elle aurait parié pour un model 142 de Peter Hivdt & Orla Moolgaard : structure en teck massif, assise en laine chinée anthracite, et ce parfum propre aux objets qui ont traversé des époques. Bingo ! Elle avait vu juste. Surtout, ce canapé allait devenir un puissant outil créatif puisque Monsieur Ferré y ferait désormais ses siestes, à lui l'innovation par le songe !

Les années s'étaient écoulées, Aurore avait quitté son designer pour forger son expérience et grandir dans des structures plus jeunes et modernes, mais non sans moins de ressort et de savoir-faire.

Elle avait imaginé,planifié, organisé, écrit noir sur blanc l'histoire de nombreuses entités. Elle avait veillé à faire grandir, par la notoriété, ces dernières autant qu'elle s'exaltait elle-même.

Aujourd'hui, on lui proposait une énième mission dans le secteur très élitiste de l'architecture et du design. Elle se rendait compte de la chance qu'elle avait eu de pouvoir s'y inscrire, d'y évoluer et de côtoyer des personnalités toutes colorées, profondes, ébouriffantes, voire même, abracadabrantes. Seulement voilà, elle aspirait désormais à plus de simplicité, de rondeur et de naturel dans ses rapports aux autres. Elle voulait aussi explorer de nouvelles facettes de sa personnalité, et challenger son être tout entier dans un métier que peut-être elle aurait à inventer.


Ce matin là, c'est plantée devant le garde-manger de la maison narbonnaise qu'elle affectionnait tant, qu'elle essayait de choisir ce qu'elle mangerait pour le petit-déjeuner. Anne dormait encore à l'étage. Le voyage en train avait eu raison d'elle. Quelques semaines plutôt, elle apprenait qu'elle était enceinte. Après un épisode appuyé d'ascenseur émotionnel, elle avait été regagnée par la sérénité. Aurore et elle avaient vécu les quatre-cent coups dans Paris, entre soirées trop arrosées, danse endiablées dans des salles de concert, ou encore des nuits à refaire le monde, à douter, à pleurer dans les bras l'une de l'autre. Alors forcément, l'arrivée d'un enfant, chamboule tout. Elles avaient tout envisagé sauf ça ! Lorsque Anne lui avait annoncé, Aurore ne savait plus si elle devait rire de nervosité ou pleurer de joie. Elle avait alors été secouée d'un spasme, et de sa gorge était sorti un cri enthousiaste, traduisant le vertige euphorique la saisissant.

Quelques jours plus tard, elles décidèrent de se rendre dans la maison de famille d'Anne. Ici, elles parleraient bonheur et allégresse des jours à venir.


Aurore devina une brioche dans le fond du placard. Quelques fraises, les premières de la saison, trônaient dans le creux d'une coupe gré émaillée, posée sur le comptoir en bois usagé. Elle s'inquiéta de savoir s'il y avait du lait, des œufs et du sucre. Depuis quelques minutes déjà, elle imaginait la densité et le moelleux de la brioche, s'imprégner du lait sucré et dorer dans un généreux morceaux de beurre. Avec un peu de chance, elle arriverait à faire caraméliser les tranches, leur apportant ainsi un peu de croustillant en surface. Elle lava et équeuta les fraises, les arrosa de sucre et d'un trait de jus de citron. Elle cassa les œufs, les mélangea au lait et au sucre et plongea les tranches de brioche dedans, puis, elle les fit saisir dans une poêle chaude. Un parfum de vanille et de barbe à papa s'échappa de la cuisine, délicieux se dit-elle.

Dans le vaisselier, elle trouva deux assiettes en porcelaine de Limoge, au charme suranné. Elle pouvait y lire les nombreux goûters, petit-déjeuners et desserts qui avaient garni ces dernières. Elle déposa deux tranches de brioche encore chaudes au creux de ces dernières, laissa un filet du jus des fraises les aromatiser, puis garni chaque part de fraises émincées. Il ne manquait plus qu'une cuillère de crème fraîche et le tour était joué !

Quand elle referma la porte du réfrigérateur, elle surprit Anne, pieds-nu, cheveu en bataille et le regard bien endormi encore, à l'embrasure de la porte. Elle l'invita à s'asseoir, lui versa un café et déposa devant elle une assiette débordante de gourmandise. Anne étira tout son être, ouvrit un peu plus les yeux et plongea sa fourchette dans l'énorme coussin sucré qu'était cette brioche perdue. Aurore était heureuse de la rendre heureuse, par sa présence et son amitié mais aussi par sa capacité à laisser sa créativité s'exprimer dans des choses aussi simples que les plaisirs de la table. Peut-être était-ce ici qu'elle était attendue ? Elle laisserait demain répondre à cette question.



Ingrédients pour 4 personnes


Pour les churros de brioche

4 tranches épaisses de brioche, égalisées sur les bords puis coupées en fingers

1 oeuf

2 c. à s. de lait entier

150 g de sucre en poudre

1 c. à c. d'épices à pain d'épices (ou de cannelle)


150 g de pâte à tartiner, de confiture, de confiture de lait, de caramel...


Préparation


1. Préchauffez le four à 220°C. Tapissez une plaque allant au four de papier sulfurisé.

2. Battez ensemble l’œuf et le lait. Mélangez ensemble le sucre et les épices.

3. A l'aide d'un pinceau, badigeonnez les fingers de brioche du mélange œuf/lait, puis roulez-les dans le mélange sucre/épices.

4. Déposez ces fingers sur la plaque et faites cuire 6 minutes au four.

5. Laissez refroidir 2 minutes avant de servir avec la garniture de votre choix

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